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Bonjour à tous aujourd’hui je vous présente Iggy, et comme un certain nombre l’ont déjà deviné on va parler des iguanes. « I am the passenger and I ride and I ride »

Attention, il y a iguane et iguane, nos iguanes sont Antillais monsieur !!! On va pas mélanger nos chefs d’œuvre en péril avec de gros iguanes tout pas beau.

Donc on va parler de l’Iguana délicatissima, rien que le nom est une merveille que l’on comparera à l’envahisseur l’Iguana iguana, pfffff d’un commun….

Alors un iguane cétikoi cette drôle de bête ? Bin au départ c’est un reptile, comme les serpents et les crocodiles, donc à sang froid et recouvert de peau sèche, cornée et le plus souvent chargée d’écailles ou de plaques. Puis, en observant d’un peu plus près, on se rend compte que c’est un gros lézard avec des oreilles, des demi-machoires soudées, et une langue qui n’est pas rétractable, donc c’est pas un serpent, ça ne voit non ?? Ceci étant, il va se servir de sa langue un peu comme les serpents ou les varans pour détecter les odeurs

Avec tout ça, c’est le punk des lézards, il a une crête dorsale avec de grandes épines qui se prolongent sur la queue et une espérance de vie de 15 à 20 ans.

Iggy l’antillais ne s’est pas toujours appelé comme ça, les Caraïbes l’appelaient « oïmaca », puis il est devenu « yuana » puis « leguana » et enfin « iguana », en espagnol. Les  français eux l’appelaient « lézard » dès le 17ème siècle, et en créole, « léza ». Pfiouuuu tous ces noms… Un truc à vous transformer en schizophrène le plus costaud des iguanes de bonne famille.

Manque de bol puissance quatre, Iggy s’avère avoir bon goût, non pas dans ses chansons, mais gustativement parlant. Dès 1734, le zoologiste Albertus Seba va dire de lui qu’il a de bien meilleures qualités gustatives que l’Iguana iguana, d’ailleurs le qualificatif latin délicatissima signifie… « délicieux » vous pouviez vous en douter. Sale temps pour les lézards, et ça va aller de mal en pis pour lui puisqu’il sera chassé non seulement pour sa viande mais aussi pour être naturalisé, (empaillé quoi…) parce qu’il ressemble à ce que l’on imagine que pouvait être un dinosaure.  Il est aujourd’hui  classé vulnérable par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN, 2006). Fin 2009, le groupe de spécialistes iguanes de l’UICN (IUCN/ISG) a acté le renforcement de son classement dans la catégorie des espèces en danger d’extinction. Et on verra qu’il n’y a pas que l’homme qui lui en veut, même s’il fait partie des NAC, Nouveaux Animaux de Compagnie. Il faut savoir que sur 100 iguanes récupérés dans la nature pour rejoindre un vivarium, 97 meurent avant la fin de la première année, parce qu’ils ont besoin de chaleur, de lumière et d’espace et que dans un vivarium… bah ça ressemble plus à un dortoir de bidasses confinés qu’à une île tropicale ensoleillée.

Donc, notre Iggy est un gaillard de 1m40 à 1m50, pour un poids de 3.5kg,  un tout petit peu moins pour ces dames. La longueur de sa queue représente près de 70% de la taille totale. En revanche on s’est rendu compte qu’en fonction de l’île sur laquelle il vit il aura une taille plus ou moins grande. On trouvera les plus grands à Saint Barthélémy et les plus petits chez nous sur l’îlet Chancel. Ses pattes sont solides et dotées de 5 doigts (et pourtant, ce n’est pas un oursin !) se terminant par des griffes longues et acérées. Sans pour autant avoir un pouce opposable, ce qui permet aux hommes de tenir un décapsuleur, l’iguane a l’axe de son pouce qui diverge de celui des autres doigts, ce qui lui facilite la prise des branches entre autre. Parce qu’Iggy, c’est un équilibriste, un téméraire, il peut tomber d’un arbre de 15m sans se blesser en utilisant ses griffes pour se ralentir. Hop paf, badaboum, cascade. Il grimpe, mais il court aussi et il nage en se servant de sa queue comme d’une godille.

C’est bien pratique ce pouce, ça l’aide aussi pour sa nourriture. Iggy a un régime végétarien, il se nourrit préférentiellement de feuilles de poiriers, de mancenilliers, de gommier rouge et de palétuvier gris. Mais son régime peut s’adapter à son île. De manière exceptionnelle et opportuniste, il peut grignoter un manicou percuté sur le bord d’une route, faut pas gâcher.

Iggy est un artiste, il observe ce qui l’entoure de manière colorée, tellement qu’il voit même dans  le domaine de l’ultraviolet. C’est bien mais, à quoi ça sert ? Tout bêtement, comme il se sert de la chaleur du soleil pour réguler sa température, observer son environnement à l’ultraviolet va lui permettre de trouver les meilleurs coins pour absorber le plus de chaleur et produire de la vitamine D. Quant à sa vue, elle est excellente lorsqu’il se trouve en pleine lumière mais il peine un peu à voir lorsqu’il se retrouve dans la pénombre.

Pis c’est quand même un sacré lézard, il va faire varier la teinte de sa peau en l’assombrissant ou l’éclaircissant afin de faire passer plus ou moins de lumière et donc plus ou moins de chaleur. Il va même pouvoir jouer avec sa fréquence cardiaque pour la ralentir lorsqu’il fait trop chaud.

Balèse non ?

Mais bon, faut quand même avouer qu’Iggy est une faignasse, il passe 1% de sons temps à chercher sa nourriture, 3% de son temps à pécho, et 96% du temps à lézarder, voire à glandouiller…

Et après tu te demandes les raisons de l’extinction des dinosaures… Cherchez pas ma pov’dame . Ce sont tous des faignasses avec leur coupe à la punk à chien à rien faire toute la journée…. Mais je m’égare, ils sont peut-être en confinement depuis la dernière extinction de masse.

Quand Iggy veux chasser la belle, il rosit des joues et teinte les écailles derrières sa tête de bleu pour lui montrer qu’elle est à son goût.

Dans le cas où Iggy ne lui plait pas, elle va le lui faire comprendre assez rapidement en lui filant des baffes aves sa queue. Pas tendre la bestiole. En revanche s’il est à son goût ils pourront s’accoupler plusieurs fois dans la journée. Le mâle, comme beaucoup de serpents et lézards, possède deux hémi-pénis, il ne se servira que de l’un des deux, quand je vous disais que c’est une faignasse ! En même temps Iggy est polygame et taulier d’un harem, en règle générale il a deux femelles pour lui tout seul et règne en mâle alpha sur son territoire.

Une fois gravide, la femelle semble migrer vers son lieu de naissance afin d’y pondre. Elle creuse un nid dans les sols sableux ou argileux et pond entre 9 et 20 œufs. Tous ne sont pas fertiles et seuls quelques Iguanes arriveront à éclosion après l’incubation de presque 3 mois. A la sortie, il y a belle lurette que la maman a joué les filles de l’air et, de fait, les petits devront affronter le monde seul.

Les juvéniles de près de 10cm  sont de couleur vert pomme, voire vert jambon… A choisir, c’est plus joli vert pomme… Cela dit, j’avais une R5 vert pomme il y a des années, ben autant sur un iguane ça passe, autant sur une voiture… c’est pas très heureux.

Ces couleurs deviennent plus foncées au fur et à mesure de la vie de l’individu, le fanon (comme une grosse crête de coq sous sa gueule) passe du blanc à la couleur du corps. Les yeux vont également changer de couleur et va varier du jaune doré au vert foncé, mais aussi orangés, à brun. Ils vont muer régulièrement.

La maturité sexuelle sera atteinte à 3 ans et la femelle ne pondra que 5 à 8 fois dans toute sa vie.

Sur l’îlet Chancel en Martinique, les nids sont actuellement recensés, et plus tard certains petits seront équipés d’émetteurs afin de les suivre durant la première année. Une fois la période d’éclosion passée, les nids sont ouverts par le personnel de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) cela permet de connaitre la taille moyenne des couvées et le succès à l’éclosion.

En tant que père de tous les punks, Iggy n’a pas peur d’aller à la baston. C’est d’ailleurs aux cicatrices que l’on détectera les mâles de rang inférieur. Ce sont des animaux territoriaux, les mâles n’hésitent pas à quitter leur branche pour aller virer un autre mâle qui s’approcherait de trop près. La bagarre est ritualisée, les iguanes s’avancent l’un vers l’autre, les fanons sont érigés, les membres tendus, ils vont hocher leurs têtes et se mettent à tourner en rond en sifflant, avec la queue qui balaie le sol par des mouvements saccadés. Ils essaient alors de monter sur le dos de leur adversaire, et, quand un des deux y parvient, il choppe le cou de son adversaire avec sa gueule grande ouverte. De honte, la tête du mâle dominé vire au vert sombre tandis que celle de son agresseur devient blanche, et ce en quelques minutes seulement. Le dominant finit laisser tranquille le mâle dominé qui s’enfuira alors vers un autre territoire.

L’espèce est plus que jamais menacée, par les hommes, les chats et les chiens errants qui se servent directement dans les nids soit qui boulottent les jeunes iguanes. Pourquoi jeune, ban arce que devant un iguane d’un mètre, il fait pas son malin le minou.  Mais Iggy est aussi en danger à cause du risque d’hybridation avec le méchant iguane vert.

L’iguane vert, Iguana iguana, a été introduit en baie de Fort de France en 1965 par le père Pinchon, naturaliste bien connu du 20eme siècle. Entre le père Labat et sa façon de capturer les perroquets pour les manger et le père Pinchon…. On en tient deux qui auraient peut-être dû réfléchir à deux fois. Après leur introduction au Fort Saint Louis, ces iguanes verts se sont fait la malle sans demander leurs restes et se sont évadés, à mi-chemin entre Mission Impossible et Jurassic Park. Cette espèce invasive s’est tellement bien adaptée qu’elle est entrée en compétition directe avec le local de l’étape, l’iguane délicatissima, qui, peu à peu, disparait par hybridation.

L’ONCS a décrété la chasse à l’intrus afin de protéger l’espèce endémique. C’est alors qu’un autre problème surgit… Ta daaaaa !!!!

Les militaires de la base s’opposent à cette chasse, pourquoi ?? Ben … Devinez quelle est la mascotte de l’armée ??? Gagné, un iguane vert. Bon, c’était en 2006, j’espère qu’un terrain d’entente a été trouvé depuis.

Alors, comment reconnaitre un iguane vert d’un iguane antillais ??

L’iguane vert a une grosse écaille sous le tympan, regardez les photos, et sa queue est rayée de noir. Il y a d’autres différences au niveau des épines du fanon, mais bon… là c’est plus délicat à voir.

L’iguane antillais, lui, danse le zouk et chante en créole. Nannnnn je plaisante.

Donc voilà l’histoire d’Iggy, cette drôle de bestiole qui ressemble à un petit dinosaure…

 

Morale de l’histoire, qui n’en est pas une puisque c’est une histoire vraie…

Un iguane mal léché

Dans un cocotier s’était installé

Tranquillou, endormi bien calé,

Moi, aucune attention je ne lui ai prêté

Et me sous affalée sous le cocotier

Pour une sieste bien méritée.

Manque de bol, l’iguane qui devait rêver

S’est cassé la gueule et s’est radassé

Sur ma tête, de tout son poids il est tombé

Me laissant là à moitié crevée

Lui, sans vergogne s’en est allé

Et de peur ou de joie, il s’est mis à me péter au nez.

Non seulement j’étais complètement traumatisée

mais en plus je sentais le manicou crevé.

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