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Salut tout le monde, aujourd’hui je vais vous parler de la belle étoile de mer. Vous en avez sans doute tous vu, mais que savez-vous de cette étrange bestiole qui peuple nos fonds ?
Je crois bien que je vais l’appeler Josette, mon étoile de mer… ah ah ah mais pourquoi donc Josette ? Bah parce que « étoile de mer »… « étoile de ma mer », « étoile de ma mère »… et ma mère c’est Josette… Voila. Necherchez pas docteur… c’est la tête.
La Josette, on la trouve partout, dans à peu près toutes les mers du globe et à toutes profondeurs, et ce depuis plus de 500 millions d’année. L’évolution de ma mère, oups de l’étoile de mer, est un mystère, en effet, on ne trouve que très peu de fossile d’étoiles tout simplement parce que leur squelette se désagrège très rapidement après leur mort.
Dans l’ensemble, on sait que la Josette n’a que peu évolué depuis le Jurassique (heuuuu ça fait un peu bizarre de dire ça de ma mère…). Il existe toutefois 1745 espèces d’étoiles de mer réparties en 38 familles et 342 genres. La plus petite des étoiles peut mesurer quelques millimètres, la plus imposante jusqu’à un mètre. Les Josette classiques ont 5 bras, mais certaines en ont 7, 10, jusqu’à… 50.
On parle souvent de symétrie 5 (ou symétrie pentaradiale pour ceux qui se la pètent – Penta pour 5 et radiale… pour radiale) pour évoquer les échinodermes et les étoiles de mer font partie de cette famille.
Qu’est ce que la symétrie 5, ben c’est simple : les oursins, qui font aussi partie des echinomachins qui ont 5 dents, 5 gonades, etc… Donc la Josette, elle a cinq bras, ou dix, ou quinze…. Sauf que certaines Josette un peu caractérielles sortent du lot et en ont 7, 14 21…, donc pas du tout un multiple de 5 mais de 7… de fortes têtes celles-là, mais que voulez-vous, les Josette sont quelquefois un peu rebelles, elles font ce qu’elles veulent quoi…
En fait il y a un mélange de symétries d’ordre 5 et de symétrie bilatérale. Allez… pffff c’etykoi encore ce truc…. Bon en fait, ça c’est franchement simple, regardez un papillon par au dessus, si vous suivez l’axe de son corps tout ce qui est à gauche est similaire à ce qui est à droite, comme si on avait mis un miroir. Bin pour l’étoile de mer c’est pareil, si vous regardez une étoile par au dessus et que vous la coupez en deux (pas pour de vrai hein…. sadique) bin la partie gauche est identique à la partie droite . Woualla, tout simple. Vous regarderez le dessin mis avec les photos.
Josette est un animal en général solitaire, et si un jour vous voyez une galaxie d’étoile lors d’une plongée, ce sera juste un speed dating d’échinodermes qui cherchent à procréer, ou peut-être ont-elles trouvé un drive façon Mc Do et elles attendent leur tour pour se goinfrer de cochonneries en tous genres.
Certaines sont essentiellement herbivores mais la plupart sont détritivores, elles ne mangent que des débris organiques, du coup, elles se gavent souvent de la chair de poissons ou crustacés en décomposition. On peut, de ce fait, en trouver dans les casiers des pêcheurs où elles sont attirées par les appâts. Mais cela dit, donnez-leur un big mac, je crois bien qu’elles vont le dévorer.
L’acanthaster pourpre quant à elle, est une étoile de mer un peu particulière, elle mange essentiellement des coraux, heureusement qu’elle ne vit pas ici, ce serait une catastrophe pour nos récifs. Il y a quelques années, l’homme, se croyant très intelligent a voulu anéantir cette espèce. Il a donc décidé de hacher menu menu ces étoiles. Le problème, c’est que ces dernières peuvent se cloner à l’infinie, même lorsqu’elles sont réduites en poussière d’étoiles (Hubert si tu nous entends) . Josette 1, humain 0.
Certaines Josette sont très bizarres, elles sont déposivores, c’est-à-dire qu’elles dévaginent leur estomac pour se nourrir. Je vous fais un dessin ? L’Asterias Rubens par exemple, adore les moules (sans frites, je ne vois pas trop l’intérêt mais bon… d’autant qu’elle vit en mer du nord…).
Lorsqu’elle en choppe une, elle la coince dans ses bras et fait son possible pour l’ouvrir. La moule, elle, se doute bien que le câlin n’est pas gratuit et reste fermée, coriace la bestiole. Il lui faudra de longues minutes à attendre que sa proie s’affaiblisse pour qu’enfin la coquille s’entrouvre, et qu’elle y glisse son estomac.
Dans les Antilles, l’étoile de mer Coussin fait la même chose avec les crustacés et oursins, elle sort son estomac et le placera à l’intérieur de la coquille ou sur la bestiole pour l’absorber et la digérer. L’estomac peut donc rester une dizaine d’heures à l’extérieur du corps de l’étoile. Bon, pour le coup, c’est à mon tour de voir ma mère d’un autre œil…
Les Josette sont extraordinaires… Certaines font en sorte de se coller à des roches afin de ressembler à des abris pour crevettes… Et bien sûr la crevette va venir s’y cacher, et se faire avaler par l’étoile. La fourbe ! En plus, ce sont des bestioles très voraces. Il n’est pas rare d’en trouver avec une bosse à leur centre, c’est juste qu’elles ont avalé une proie entière. Ah oui au fait, la bouche de Josette se trouve en dessous de son corps, son anus est au-dessus, comme les oursins souvenez vous.
L’étoile de mer peut aussi avoir des prédateurs, de nombreux animaux s’en délectent, c’est normal, c’est une proie facile, Josette est plutôt du genre à prendre son temps pour se déplacer : elle parcourt de 1 à 8 cm par minutes, autant dire qu’il va lui falloir du temps pour trouver une cachette. En revanche elle sait très bien se retourner si, d’aventure, elle se retrouve sur le dos, hop, un petit jeux de jambes et elle se retrouve à l’endroit. En fait, ses bras sont remplis de systèmes de canaux remplis d’eau qui actionne les podias.
Contrairement à une idée très répandue (et longtemps admise par les scientifiques), les podia ne sont pas des ventouses : leur pouvoir adhérant est en fait dû à la sécrétion d’une puissante colle sécrétée par des cellules spécialisées. Lors du détachement, ces cellules sécrètent un dissolvant, qui dissout la structure collante et permet la libération du podia. L’adhésion par colle plutôt que par succion permet d’escalader des parois rugueuses, alors que des ventouses ne peuvent coller que sur des surfaces parfaitement lisses. Cette sécrétion particulièrement efficace est étudiée par des scientifiques qui espèrent bien en tirer des applications industrielles. La coll’à’Josette, bientôt chez Brico !
Pour en revenir à ses prédateurs, en zone caraïbes, l’étoile de mer fait aussi la joie de la crevette arlequin qui ne mange… ben, que des étoiles de mer. Cette crevette n’hésite pas à venir découper un bras de l’étoile à l’aide ses pinces, très proprement et va se goinfrer un peu plus loin. Bon, c’est vrai, lorsque l’étoile perd un membre, il peut se régénérer assez facilement mais bon… Plus de bras, plus de chocolat hein !
M’ent donné… Il arrive même que, lorsqu’un prédateur moins consciencieux vient lui arracher un membre de façon moins chirurgicale, l’étoile aille chercher la crevette arlequin pour qu’elle découpe plus proprement son moignon. Elles vivent donc ici en symbiose, l’étoile de mer nourrit la crevette, la crevette soigne l’étoile de mer. Bon, cela dit, si la crevette a vraiment la dalle, elle peut s’enfiler l’étoile toute entière.
Donc oui l’étoile de mer peut régénérer l’un de ses membres en cas de besoin. Il existe même certaines espèces de Josette capables de se cloner : lorsqu’elle perd un bras, il va non seulement faire repousser d’autres membres, mais aussi un autre corps, donnant ainsi naissance à une nouvelle Josette.
De manière générale, la reproduction se fait plus simplement : les étoiles se rassemblent en masse pour ce qui va être la plus grande partie de bras en l’air des fonds sous marins…
Non en fait, pas un seul attouchement, c’est tantrique les étoiles de mer, chacun dans son coin va rejeter gamètes ou spermatozoïdes en nombre et laisser la nature faire les choses. Les œufs fécondés s’en iront au gré du courant et se poseront ça et là. Au fil des jours les œufs se transformeront en larves dévoreuses de plancton, puis en petite étoile de mer. Depuis toute petite, la Josette se débrouille donc toute seule.
Qu’est ce qu’elle est forte Josette.
Cela dit, pas trop quand même parce qu’elle ne survivra pas si vous la sortez de l’eau, alors, merci de ne pas aller chercher Josette qui faisait sa vie sous l’eau, sans rien demander à personne, pour l’apporter à votre copine vautrée sur la plage parce qu’elle ne veut pas aller dans l’eau, parce qu’il y a de méchantes bêtes dedans, parce qu’elle est trooooop froaaaade ou qu’elle est trop mouillée, parce que la mer c’est dégueulasse les poissons baisent dedans… Bref, si elle veut voir une étoile, soit elle vient la voir dans l’eau, soit elle achète un télescope et elle regarde le ciel, voilà.
Alors, ici, quelles sortes d’étoiles de mer peut on trouver ? Il y en a beaucoup, mais les plus fréquentes sont les étoiles de mer coussin réticulée, l’étoile comète de Floride et l’ Ophidiaster guildingi
L’étoile coussin est rouge orangée, jaune ou marron, c’est un spécimen de grande envergure puisqu’elle peut mesurer près de 50 cm. Elle a cinq bras trapus recouverts d’épines arrondies et munis de podias. A leur bout se trouve un ocelle, qui n’est autre qu’un organe visuel très rudimentaire, ce qui fait que cette étoile tient toujours ses bras recourbés vers le haut, donc vers la lumière.
Ah oui, j’ai oublié de vous dire, Josette est franchement miro, elle ne possède pas d’yeux…
L’étoile comète et sa petite cousine Ophidiaster guildingi sont, quant à elles, munies de longs bras, et d’un très petit corps. Elles peuvent être de couleur jaune ou rouge et sont facilement reconnaissables : elles sont souvent mollement collées à une roche, leurs longs bras étendus, étalées comme un parisien sur sa serviette de bain (he nooooon mais j’ai rien contre les parisien mais bon…)
En fait, elles ne font pas la sieste, elles mangent… Comme le corps de cette étoile est tout petit, ben ses bras abritent tout l’attirail digestif. Elles les étalent donc pour plus d’efficacité et collectent les matières organiques, débris en tous genres et micro-algues à l’aide de ses podias, véritables aspirateurs à détritus, le Dyson des mers… les aliments sont ainsi aspirés et transmis à des glandes à fonction digestive et excrétrice.
Du coup, chaque bras peut se nourrir tout seul et peut « vivre » indépendamment des autres, mais aussi du corps de Josette. Cette espèce-là peut donc très facilement reconstituer une étoile complète par régénération à partir d’un seul bras, soit après une amputation accidentelle soit après autotomie spontanée.
Les nouveaux bras repoussent le long de la cicatrice, côté bras détaché et côté étoile amputée. Bon, quelquefois, c’est un peu raté et le nouveau membre est soit un peu plus petit que les autres, soit il se divise en deux. On se retrouve donc avec des étoiles à 6 ou 7 branches, encore des originales !
Le clonage est le mode de reproduction favori de ces étoiles, seul les vieux spécimens se reproduisent « normalement ».
Voila donc un petit tour d’horizon des étoiles… en attendant de les voir sous l’eau, levez les yeux cette nuit, il parait qu’il y en a plein de filantes en ce moment !

Pour finir, une petite morale :
Trois façons d’avoir une étoile à tes pieds, soit tu prends une bassine d’eau et t’attends la nuit pour la voir se refléter
Soit tu viens faire de la plongée, et toutes les étoiles seront là à ta portée
Soit je te présente ma mère unique et préférée, mais là c’est pas gagné de l’avoir à tes pieds…

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